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À son retour d’une semaine à Météo l’été dernier, l’immense guitariste et compositeur Fred Frith disait du festival : « Une programmation atypique qui se moque bien des conventions, une organisation attentive aux moindres détails. »
Parce qu’en 2022, quel autre festival d’été fait résonner à quelques heures d’intervalle la musique médiévale de Blanche de Castille puis le son d’objets recyclés sur lesquels frappent trois étudiants en art de la banlieue de Manchester ? Un duo orgue/violoncelle contemporain dans une église, du jazz cosmique et un autre duo qui mêle doubles platines de DJ et électronique dans une friche industrielle ?
À Météo, on aime faire surgir les choses, et si possible de manière collective. Un Mulhouse Ensemble Orchestra par exemple, né d’un workshop avec le saxophoniste américain Chris Pitsiokos l’an dernier à Mulhouse, et qui par la ténacité des participants français, italiens, allemands, s’est mué en véritable groupe au son singulier, à découvrir lors de cette semaine.
Mais aussi des projets et des artistes encore jamais entendus en France, de Ghosted à Sympathetic Magic, de Mariam Rezaei à Tizia Zimmermann, de Prangers à XT.
Avec la conviction que Météo demeure un événement à part dans le calendrier de l’été. Un festival à Mulhouse, une ville au riche patrimoine industriel, jeune et d’une incroyable diversité. Un festival à taille humaine et fort en émotions. Un festival avec moins de hiérarchie (pas de politique de tête d’affiche), plus de proximité et de porosité entre artistes et public, plus d’inclusivité aussi (des workshops ouverts à toutes et tous, tous instruments, tous âges, à des prix rendus accessibles par le soutien des partenaires).
Ceux qui ont déjà goûté à cette semaine de fin d’été à Mulhouse en connaissent la saveur particulière (écoutez les émissions de Fréquence Météo pour en entendre les échos). Pour les autres, on pourrait presque vous envier de pouvoir découvrir tout cela pour la première fois !
After returning from a week at Météo last summer, the great guitarist and composer Fred Frith said of the festival, "Atypical programming that makes a mockery of convention, an organization that pays attention to the smallest details."
Because in 2022, what other summer festival has the medieval music of Blanche of Castile and then the sound of recycled objects being banged on by three art students from the suburbs of Manchester within hours of each other? A contemporary organ/cello duo in a church, cosmic jazz and another duo mixing double DJ decks and electronics in a brownfield?
At Météo, we like to make things happen, and if possible in a collective way. A Mulhouse Ensemble Orchestra for example, born from a workshop with the American saxophonist Chris Pitsiokos last year in Mulhouse, and which, thanks to the tenacity of the French, Italian and German participants, has become a real group with a singular sound, to be discovered during this week.
But also projects and artists never heard before in France, from Ghosted to Sympathetic Magic, from Mariam Rezaei to Tizia Zimmermann, from Prangers to XT.
With the conviction that Météo remains a special event in the summer calendar. A festival in Mulhouse, a city with a rich industrial heritage, young and incredibly diverse. A festival on a human scale and full of emotions. A festival with less hierarchy (no headliner policy), more proximity and porosity between artists and audience, more inclusiveness too (workshops open to all, all instruments, all ages, at prices made accessible by the support of partners).
Those who have already tasted this end-of-summer week in Mulhouse know its particular flavor (listen to the Fréquence Météo broadcasts to hear the echoes of it). For the others, we could almost envy you for being able to discover it all for the first time!
Dédié aux aventures sonores, le Festival Météo propose cette année encore à Mulhouse une programmation atypique et éclectique, qui fait la part belle à une jeune génération de musiciennes et musiciens français et internationaux. Du 24 au 28 août, Météo dessine des géographies inédites dans la ville, avec des concerts à Motoco, au Conservatoire de Mulhouse, à La Filature, à la Fonderie, au Séchoir, à l’Auditorium du Conservatoire ou au Parc Salvator, engage des dialogues avec l’Élan Sporting Club Box Briand (club de boxe) ou le Climbing Mulhouse Center (club d’escalade), propose workshops, ateliers ou concerts jeune public, dynamite les esthétiques musicales, écrites ou improvisées, avec du folk artisanal, de l’électro percussive, des rencontres improvisées et des solos de toute beauté. Une semaine de découvertes sonores au sens large et en toute convivialité, avec chaque soir, food trucks, bières artisanales et vins natures.
Le festival Météo propose du 26 au 29 août à Mulhouse quatre jours d’aventures sonores, une vingtaine de concerts, dans le respect des gestes barrières (jauges réduites, distanciation physique, port du masque…).
Une édition qui donne une large place à une jeune génération d’improvisteurs·rices, qui mêle créations et premières, jazz, musiques expérimentales, noise, traditionnelles, improvisées ou électro-acoustiques et tente de se jouer des contraintes plutôt que de les subir.
Pas d’édition « en ligne », donc. À l’inverse, le projet de Météo repose sur toujours plus de proximité. Une proximité entre les partenaires sur le terrain : acteurs culturels (La Filature, Motoco, le Conservatoire, la HEAR, le Collectif ödl…), commerces indépendants et entre les musicien·nes et le public, qu’il soit mulhousien ou d’ailleurs (Allemagne, Suisse, Belgique mais aussi à Strasbourg, Paris, Toulouse…), spécialiste ou novice.
Tout au long de l’été, Météo propose des concerts, à Mulhouse et dans des communes du département, des accueils en résidence de création, des actions de médiation, ateliers, concerts jeune public avec la volonté de prolonger cette présence tout au long de l’année, fort de nombreux partenaires et de la dynamique d’une ville aux possibilités infinies, de par son patrimoine, sa diversité culturelle, sa géographie.
Le Festival Météo, c’est encore Jeanne, présidente de notre partenaire Radio Quetsch, qui en parle le mieux : « j’adore venir à Météo pour entendre de la musique que je n’ai jamais entendu. Il y a un effet réél qui se passe dans ton corps quant tu écoutes ce genre de musique et que tu ne peux pas imaginer quand tu vois le festival de l’extérieur. En fait, il faut juste se mettre devant les musicien·nes et il se passe toujours un truc » !
Météo festival proposes, from August 26 to 29 in Mulhouse, four days of sound adventures, about twenty concerts, in the respect of the barrier gestures (reduced gauges, physical distancing, wearing of the mask...).
An edition which gives a large place to a young generation of improvisers, which mixes creations and firsts, jazz, experimental, noise, traditional, improvised or electro-acoustic musics and tries to play with the constraints rather than to undergo them.
No "online" edition, therefore. On the contrary, Météo's project is based on more and more proximity. A proximity between the partners on the ground: cultural actors (La Filature, Motoco, the Conservatory, the HEAR, the Collectif ödl...), independent businesses and between the musicians and the public, whether from Mulhouse or elsewhere (Germany, Switzerland, Belgium but also Strasbourg, Paris, Toulouse...), specialist or novice.
Throughout the summer, Météo offers concerts in Mulhouse and in other towns in the department, residencies for new artists, mediation activities, workshops, and concerts for young audiences, with the intention of extending this presence throughout the year, thanks to its many partners and the dynamics of a city with infinite possibilities, thanks to its heritage, its cultural diversity and its geography.
Jeanne, president of our partner Radio Quetsch, says it best: "I love coming to Météo to hear music I've never heard before. There is a real effect that happens in your body when you listen to this kind of music that you can't imagine when you see the festival from the outside. In fact, you just have to get in front of the musicians and something always happens!
PROGRAMME
MERCREDI 26 AOÛT
11h30, Bibliothèque Grand’Rue
KARAM AL ZOUHIR SOLO (Karam Al Zouhir, alto)
18h, Place de la Réunion
LOUP UBERTO SOLO (Loup Uberto, téléphones mobiles, tamburelli, transistors radios court-circuités, chants médiévaux et populaires d’Italie du Nord, cornemuse)
20h, La Filature
DAS KAPITAL « VIVE LA FRANCE » (Daniel Erdmann, saxophone I Hasse Poulsen, guitare I Edward Perraud, batterie)
22h, Parc Salvator
KARAM AL ZOUHIR & OLIVIER DUVERGER (Karam Al Zouhir, alto I Olivier Duverger, saxophone)
JEUDI 27 AOÛT
11h30, Bibliothèque Grand’Rue
RONAN COURTY SOLO (Ronan Courty, contrebasse)
13h, Église Sainte-Geneviève
JULIEN DESAILLY SOLO (Julien Desailly, cornemuse)
17h30, La Filature
GEOFFROY GESSER « LA PEUGE EN MAI »
19h30, Parc Salvator
LOUP UBERTO SOLO (Loup Uberto, voix, cassettes)
21h, Parc Salvator
LISE & LISA (Lise Barkas, cornemuse I Lisa Käuffert, cornemuse)
22h, Parc Salvator
SBATAX (Bertrand Denzler, saxophone I Antonin Gerbal, batterie)
VENDREDI 28 AOÛT
11h30, Bibliothèque Grand’Rue
MERVE & ROSS (Merve Salgar, tanbur et voix I Ross Heselton, guitare et voix)
13h, Église Sainte-Geneviève
RONAN COURTY SYNÉSTHESIA (Ronan Courty, contrebasse)
16h, Chapelle Saint-Jean
YVAN ÉTIENNE « MÉTÉORES » (Yvan Étienne, électroniques, diffusion du son)
21h, Motoco
TRIO NYX (Isabelle Duthoit, voix I Sophie Agnel, piano I Angelica Castello, électroniques)
22h30, Motoco
NUITS (Stéphane Clor, violoncelle I Émilie Skrijelj, accordéon I Armand Lesecq, électroniques I Tom Malmendier, batterie)
SAMEDI 29 AOÛT
11h30, Bibliothèque Grand’Rue
LA TREMBLAIE (Jeanne Barbieri, voix I Stéphane Clor, violoncelle)
13h, Église Sainte-Geneviève
TRILLE (Lise Barkas, cornemuse I Lisa Käuffert, cornemuse I Charles Dubois, batterie I Florian Tositti, batterie)
16h, Chapelle Saint-Jean
YVAN ÉTIENNE « MÉTÉORES » (Yvan Étienne, électroniques, diffusion du son)
17h30, Église Sainte-Geneviève
GÉSIR (Camille Émaille, percussions I Jean-Luc Guionnet, orgue I Julien Desailly, cornemuse)
21h, Motoco
MICRO-WAVES (ErikM, platines, électroniques I Nathalie Forget, ondes martenot)
22h30, Motoco
EX / CHEN / VIBE (Luc Ex, basse I Audrey Chen, voix I DJ Illvibe, platines)
Minuit, Motoco
TAPIR (Brice Jeannin, synthétiseur modulaire I Jeremy Ledda, batterie)
WORKSHOP with Audrey Chen
Avec 30 concerts dans une quinzaine de lieux à Mulhouse, 10 premières françaises, 5 créations, 4 workshops, 2 stages pour les enfants, le festival Météo occupe plus que jamais une place centrale sur la carte des musiques créatives internationales. Entre grands ensembles et petites formes, vous y croiserez de nombreux artistes pour la première fois à Mulhouse : l'extraordinaire chanteuse britannique Elaine Mitchener, la passionnante Angelica Castello, le pianiste anglais Alexander Hawkins, le hip-hop sombre des américains de Dälek dans le projet Anguish, ou encore le fantastique danseur espagnol Israel Galvan. C'est aussi une édition qui fait la part belle à une nouvelle génération de musicien·nes français·es et européen·nes : de Morgane Carnet à Katharina Ernst, de Timothée Quost à Matthias Müller, en passant par Perrine Bourel, Farida Amadou, Seb Brun, Maria Bertel, Nina Garcia ou Félicie Bazelaire.
Cette énergie, on la trouve chez les musiciens de la région : le batteur Anthony Laguerre et son puissant solo Myotis, le duo Laure Fischer / Gaspard Beck qui ouvrira le festival et bien sûr le Dreieck Interférences Ensemble, étonnante formation de 24 musicien·nes pour la plupart actif·ves en Région Grand Est et passé·es dans les workshops de Météo, actif·ves dans les champs des musiques contemporaines, classiques, jazz, improvisées, folk ou traditionnelles.
On la trouve également dans des lieux symboliques du nouveau dynamisme de la ville de Mulhouse : km0, la Filature, le Conservatoire, les cafés Tilvist et Kohi et bien sûr Motoco ou nous passerons pour la première fois une journée entière, le samedi 31 août, dans une ambiance festive et familiale. Enfin, cette énergie se trouve décuplée par les partenariats. Avec l'Adapei Les Papillons Blancs, nous ferons rencontrer la violoniste Perrine Bourel et les personnes en situation de handicap mental de la Résidence Cap Cornely à Bourtzwiller. Avec le Bento, Laboratoire d'expressions artistiques au quartier Drouot, nous laisserons les musiciens Tom Malmendier et Stéphane Clor développer l'imagination des plus jeunes à l'occasion de deux stages autour de l'expérimentation musicale.
CONSIDÉRATIONS D’UN DIRECTEUR DE FESTIVAL… (Fabien Simon, directeur de Météo Mulhouse Music Festival 2015)
Un an d’attente, c’est long. Comme gérer l’impatience ?
Voyager, écouter, sentir les vibrations, s’émerveiller, être bouleversé, parfois passer à côé, parfois oublier, être sollicité, échanger, partager, faire confiance.
Composer un programme. Choisir. Comment s’habituer à la gêne de dire non ?
Le programme est-il cohérent ? Doit-il l’être, après tout ? Doit-il être « original » ? Doit-on courir après la nouveauté, l’inédit ? Pourquoi ne pas juste se laisser guider par l’intuition ? Le public aura-t-il envie de venir ? Douter. `
Comment convaincre, année après année, encore et toujours, les partenaires institutionnels que ce festival est important, rare, et participe au soutien à la création artistique, à ouvrir et élever les esprits, à l’étonnement, à la curiosité, au vivre ensemble, au rayonnement d’un territoire ? Comment impliquer encore plus largement les acteurs et partenaires locaux dans cette aventure ? Expliquer. Réexpliquer. Renoncer. Regretter de renoncer. Résister.
Faire voyager une centaine de musiciens. Transformer le bureau une agence de voyage. Rager chaque année de l’augmentation du prix des transports. Quoi ? le dollar a augmenté ?
Comment faire pour que les artistes invités se sentent chez eux, soient accueillis dans les meilleures conditions ? Donner à ce festival une dimension humaine. Ce qu’on a rêvé va-t-il se réaliser ?
Comment gérer les émotions de la semaine ? Vais-je m’évanouir avant le discours inaugural ? Ne pas transmettre son stress.
Devoir nourrir des carnivores, des végétariens, des végétaliens, des « au régime sans gluten », des « aux allergies diverses et variées ». D’ailleurs, ai-je mangé aujourd’hui ? Une bière ou une aspirine ? Dormir ? Si peu. Prendre le temps. Pas simple, quand il vous glisse entre les doigts. Un café ? Oui, le plus serré possible.
La musique comme délivrance. Saurai-je briser ma pudeur pour dire à cet artiste que sa musique a changé ma vie ? Frustration de ne pas réussir à écouter tous les concerts en intégralité.
Comment dire aux gens que l’on aimerait que cela ne s’arrête jamais ? Comment ne pas devenir accro ? Comme vous dire le plaisir de vous retrouver ?
A year of waiting is a long time. How to manage impatience?
Travel, listen, feel the vibrations, be amazed, be moved, sometimes miss, sometimes forget, be solicited, exchange, share, trust.
Compose a program. Choosing. How to get used to the discomfort of saying no?
Is the program coherent? Does it have to be, after all? Does it have to be "original"? Do we have to chase the new, the unprecedented? Why not just be guided by intuition? Will the audience want to come? Doubtful.
How to convince, year after year, again and again, the institutional partners that this festival is important, rare, and participates in the support of artistic creation, in opening and raising the spirits, in the astonishment, in the curiosity, in the living together, in the influence of a territory? How can we involve local actors and partners even more in this adventure? Explain. Re-explain. Give up. Regret giving up. Resist.
To make a hundred musicians travel. Turn the office into a travel agency. Laughing every year at the increase in the price of transportation. What? The dollar has gone up?
How to make the invited artists feel at home, be welcomed in the best conditions? To give this festival a human dimension. Will what we have dreamed come true?
How to manage the emotions of the week? Will I faint before the inaugural speech? Don't pass on your stress.
Having to feed carnivores, vegetarians, vegans, "gluten free", "with various and sundry allergies". By the way, did I eat today? A beer or an aspirin? Slept? So little. Taking the time. Not easy, when it slips through your fingers. A coffee? Yes, as tightly as possible.
Music as deliverance. Will I be able to break my modesty to tell this artist that his music has changed my life? Frustration at not being able to listen to all the concerts in their entirety.
How to tell people that you wish it would never end? How not to become addicted? How do I tell you how much I enjoy seeing you again?